Juliette GUINOT

Maman,

Difficile de trouver les mots.
Difficile de décrire l’état dans lequel tu me laisses.
Je suis assise devant cette feuille blanche et nous sommes aussi vides l’une que l’autre.
Mais il va falloir que je l’écrive cet hommage, cet abîme où il n’y a plus rien et où pourtant se bousculent mille choses.
Que doit-on dire dans un moment pareil ?
On devient adulte, on fait famille, on a la chance de devenir propriétaire, de payer des impôts, de faire carrière.
Et soudain notre maman meurt.
D’un coup nous ne sommes plus qu’une enfant. Seule, abandonnée, à qui on a lâché la main.
Mais comment on fait pour avancer sans sa maman ? Je ne comprends pas ce qui se passe. Pourquoi ?
Rassure-toi maman, on va rebondir, je vais rebondir. Il va falloir du temps mais on va y arriver.
Et tu sais pourquoi ?
Parce qu’on te doit cette capacité, celle d’avancer coûte que coûte. Bien sûr, toi aussi tu as eu des moments où tu n’y croyais plus, car après tout, tu étais humaine, profondément humaine même. Mais c’est grâce à ta résilience comme moteur et ta famille comme carburant que tu as toujours fini par triompher.
J’en veux pour preuve ton opération de la hanche qui t’a laissé des séquelles.
Nous étions si inquiètes de savoir comment ton retour chez toi allait se passer.
Tout ça pour te voir avec ta canne, que tu avais customisée, continuer ta petite vie et avancer, encore.
Finalement il nous faut remercier ton chirurgien car en t’abîmant le nerf il nous a permis de t’avoir en convalescence près de chez nous et plus longtemps que prévu.
J’ai adoré venir les midis manger avec toi à la cantine et partager ensemble les fameuses frites du jeudi.
Notre moment de rigolade de voir tous les papys et mamies se précipiter pour ce jour si particulier, le sacro-saint jour des frites.
Et des moments de rires, on en a tellement eu…
Dans les nombreuses choses que je te dois et pour lesquelles il faudrait que je te remercie, il y a l’humour bien sûr.
Nous avons chacune, avec Cathy, nourri cette graine que tu avais plantée pour la faire nôtre.
Avec ma sœur nous avions développé une branche qui t’était particulièrement destinée : nous adorions te faire marcher.
Il faut dire que le terrain était propice : une maman qui courait plus vite qu’Usain Bolt et deux petites canailles trop contentes de leurs blagues.
Quand tu comprenais le pot aux roses, tu passais toujours d’un petit air réprobateur à un immense rire qui se joignait aux nôtres car il n’y avait pas meilleur public que toi.
Qu’est-ce que ça va me manquer…
Je pense à nos discussions et je me rends compte à quel point il y avait des sujets de conversation que je n’avais qu’avec toi. Comment vais-je faire ?
Ta gentillesse, toujours à nous soutenir, et ta culture, parlons-en.
Maman la rigolote bien sûr mais tu étais bien plus que ça.
Parlons de la fois où je suis venue te voir à l’hôpital juste après ton opération. J’avais apporté un jeu, basé sur la culture, nous étions en train de jouer l’une contre l’autre et deux personnes du corps médical sont rentrées dans la chambre.
Pendant qu’ils s’occupaient de toi, ils ont voulu participer en essayant de trouver les réponses aux questions. Ils n’en ont pas eu une, tu les as toutes eues.
Tu avais beaucoup de culture mais tu ne ressentais jamais le besoin d’en faire l’étalage.
Un jour j’ai appris par hasard que jeune, tu avais gagné un concours d’écriture, alors que moi j’ai gagné un concours de pêche il y a plus de 30 ans et j’en parle encore, la preuve.
Mais non, pas toi, tu étais plutôt discrète.
Tu avais peur de déranger.
Alors tu es partie chez toi, dans tes murs, sans déranger personne, ça te ressemble bien finalement.
Je sais au fond que derrière l’horreur de ton silence tu nous offres une belle fin.
Tu n’auras pas à porter la culpabilité de devenir un poids pour tes filles, ce que tu redoutais tant, et nous n’aurons pas à te voir décliner et à pleurer une maman encore là et pourtant partie.
Je sais que pour ça aussi je dois te dire merci, mais aujourd’hui je vais devoir apprendre à marcher sans que tu me tiennes.
Les premiers anniversaires, les premières fêtes et pour un moment encore la nouvelle qui ne s’inscrit pas et le réveil d’un coup, encore : « Maman est morte ».
Je ne savais pas comment commencer et je me retrouve à ne pas savoir comment finir.
Alors merci d’avoir été ma maman, merci de t’être inquiétée pour moi, tu as été une très bonne maman, nous savons à quel point tu nous as aimés et c’est un cadeau inestimable. Nous saurons faire famille, ensemble avec ta lumière comme guide.
Nous prendrons soin les uns des autres et nous ferons vivre ta mémoire auprès de tes, si précieux, petits-enfants, Yaëlle, Eva et Léonard.
Je t’aime maman.

Nelly

Un petit poème pour toi de moi :
Entre Printemps et Automne
Je suis née un jour de printemps, Toi, tu nous as quittés en automne, Quand les feuilles, rougies par le temps, S’envolent comme un dernier frisson.
Tu as été mon premier soleil, Ton sourire, une douce lumière, Tes bras, un refuge sans pareil, Ton rire, une chanson légère.
Tu aimais les couleurs de l’automne, comme le couleur de mes cheveux… Ces ors, ces rouges, ces feux si tendres, Comme ton amour, profond, qui sonne en nous, même quand tu n’es plus là.
Ton humour, ce petit éclat malin, Ces blagues qui nous faisaient rougir, Ce rire qui résonne encore, soudain, Comme un écho qui ne veut pas partir.
Tu es partie, mais je sais, maman, Que tu n’es jamais bien loin. Un peu d’étoile dans le vent, une lumière qui vacille dans la nuit au rythme d’un battement dans nos cœurs.
Le manque est là, immense, cruel, Mais je sens ta chaleur, ton souffle, Dans chaque rayon, dans chaque ciel, Dans l’amour que tu nous as offert.
Alors, même si l’automne pleure, Même si le cœur a si mal, Je sais que tu veilles, que tu demeures, Un peu de toi en nous, pour toujours, maman.
Je t’aime

Maman

Chaque jour qui passe est un peu plus lourd à porter. Le silence, que j’aimais tant, est devenu le tien, ce silence que je déteste tant. Comment accepter de ne plus entendre ta voix, de ne plus voir ton sourire, de ne plus sentir ton odeur ?
Nous n’avons jamais vécu sans toi. Maintenant, il va falloir apprendre, comme un enfant, à grandir sans ta présence. Tu nous disais si souvent à quel point tu étais fière de nous. Mais sais-tu, maman, que nous aussi, nous étions fiers de toi ? Tu nous répétais que tu avais tant de chance de nous avoir, mais c’est nous qui avions cette chance inouïe : celle de t’avoir, à nos côtés.
Certains diront, et peut-être ont-ils raison, que c’est mieux ainsi : que nous ne t’avons pas vue lutter pendant des années contre une maladie, ou devoir vivre dans un EHPAD. Mais ces gens-là ont encore la possibilité de dire à leurs proches combien ils les aiment, combien ils sont fiers d’eux. Ils peuvent les serrer dans leurs bras. Moi, je n’ai pas eu ce temps-là. Je n’ai pas pu te dire tout ce que j’aurais voulu.
Maman, tu as traversé des tempêtes. Le chemin de ta vie n’a pas été facile, mais tu as été une guerrière jusqu’au bout. Quand les gens parlent de toi, ils te résument souvent en un seul mot : gentillesse. Et c’est vrai, tu en étais l’incarnation. On ne pouvait que t’aimer. Tu avais un cœur gros comme l’univers, toujours tourné vers les autres, toujours inquiète pour tes proches.
Tu étais si cultivée, et nous pouvions parler de tout avec toi, sans tabou, sans jugement. Toujours à l’écoute, toujours à nous encourager. Les plantes n’avaient presque aucun secret pour toi, et comment oublier ta passion pour les cactus ?
Et puis, il y avait nos fous rires. Avec Nelly, nous adorions te faire des blagues. Te souviens-tu du jour où je t’ai fait croire que j’étais coincé dans les toilettes ? Ou quand Nelly t’a fait croire que tu avais fait tomber ta culotte par le balcon ? Et cette fausse araignée sur ton épaule, qui a coûté la vie à une pastèque que tu as balancée par terre pour fuir cette bête féroce… Oh, maman, nous t’en avons fait voir ! Mais qu’est-ce qu’on pouvait rigoler ensemble. Tu nous as transmis ton humour potache, cet humour qui nous manquera tant.
Tu avais toujours cette peur de déranger, ce sentiment de ne pas être à la hauteur… alors que tu étais tout le contraire. Tu as donné tant d’amour à tes filles, à tes petits-enfants, et à ton gendre.
Alors aujourd’hui, je te le dis une dernière fois : sois fière de toi, ma guerrière. Tu as tout donné, tout aimé, sans jamais compter.
Et maintenant, il est temps. Relève la tête, bien haute.

Tu as 19 ans sur cette photo. Ton sourire et tes yeux rieurs sont déjà là.
Je t'aime maman.

À toi ma beauté tu est au plus profond de mon ❤️ et de mes pensées. Nous reprendrons bientôt nos moments de complicités et de fous rires là où nous les avons laissés car je sais qu'un jour où que tu sois on se retrouvera. Paroles de bonne fée je t'aime