Après Romain, nous voilà doublement orphelins !
Oui Jacques, dans la découverte de la Montagne, tu as été pour nous un père, un maître, un inspirateur, un médiateur qui a su, oh combien ! nous transmettre sa passion.
Nous n’avons pas oublié et nous sommes très tristes.
Mon premier souvenir avec toi : quand j’ai débarqué à la COGEMA au printemps 1979, nos bureaux de La Boursidière étaient voisins, et tu m’as été présenté comme « responsable d’une société de sondage » … et pendant plusieurs semaines j’ai pensé « sondages d’opinion » !
Ce n’est qu’après que j’ai compris mon erreur … c’était le début de mon initiation à ce monde particulier du nucléaire … et tu étais déjà là.
Après, à ton initiative, est venu le temps de la Section Montagne.
Il serait fastidieux de rappeler tous les souvenirs que nous avons des expériences exceptionnelles et exaltantes que tu nous as offertes.
Merci pour les premiers « week-ends montagne » en voiture avec le regretté Alexis comme guide,
Merci pour les week-ends « ski de fond » à Mouthe par – 30 d° !
Merci pour les semaines d’été dans le massif alpin,
Merci pour l’accueil toujours chaleureux de Pers Jussy, auquel on associe bien sûr la fidèle, l’amante et la dynamique Suzy,
Merci pour les expériences humaines que tu nous as permis de vivre : des amitiés fortes (et même parfois des amours …) sont nés au sein de ce groupe que tu as su fédérer.
Ton expérience, ta passion bien réelle, mais toujours contenue, de la montagne,
ton calme rassurant de « grand sage »,
ton affection pour tous les membres du groupe,
ta mémoire phénoménale des sommets (« incollable le Jacques ! »),
mais aussi tes autres qualités humaines et notamment ta grande érudition (merci pour la découverte, au coin du feu de Pers Jussy, de Mirella Freni ! Je ne peux l’écouter désormais sans penser à toi) …
Voilà, entre autre, tout ce que tu nous as apporté.
Nous n’étions pas d’accord sur tout (politique, religion …) mais le respect mutuel prévalait et la discussion fut riche.
Et s’il fallait retenir deux souvenirs particuliers ?
1/ Notre ascension du Mont-Blanc le 17 juillet 1986.
Tu étais resté à Pers Jussy mais je peux t’assurer que tu as fait l’ascension avec nous, tant était forte ta présence dans nos cœurs et dans nos têtes : nous devions réussir, pour nous tous bien sûr, mais pour toi surtout, si attaché, si sensible à la réussite du groupe.
2/ L’expédition en Bolivie en août 1989 :
Là aussi tu aurais aimé être avec nous. Mais crois-moi : tu y étais ! Chaque fois, au retour de chacun des 3 sommets de plus de 6 000 m, notre premier réflexe était de se jeter dans un bureau de poste bolivien pour te téléphoner ou t’envoyer un fax (pas de portable à l’époque !)
Adieu très cher Jacques.
La discussion doit battre son plein là-haut avec Romain. Vous avez l’éternité devant vous …
Et pour ceux qui y croit, rassurez-vous, nous reprendrons tout cela là-haut.
Richard
Assas, le 11 janvier 2021