Irène BARBARA

Chère Tatan Irène, Samedi 30 avril, Kael m'a annoncé une très très triste nouvelle. À quatre mille kilomètres je dois dire que j'ai eu du mal à réaliser, à m'imaginer ton départ, que tu ne sois plus parmi nous, que dorénavant ta voix claire ne répondrait plus au 04 78 03 85 80. Je savais pourtant que tu avais été opérée mais pour moi tu étais capable de tout surmonter pour vite retrouver ta place chez toi. Pour moi tu étais un roc, le pilier de la famille et quel pilier !!! Un pilier ancré dans ce sol de France, amoureuse de tout ce qui représente ses beautés et passions, la musique, l'opéra, les chansons, les arts plastiques, la qualité des produits, l'artisanat, la bonne chère, la convivialité, l'apéro. Tu étais créative, artiste au doigts de fée qui maitrisait hautement la couture et le crochet. Ton travail était recherché, minutieux, fin et complexe. Ces dernières années tu disais ne pas voir correctement et tes doigts agiles ont trouvé la voie du coloriage qui reflète l'imaginaire et permet l'évasion, l'expression du sens de l'harmonie qui était le tien. Nous sommes tous très tristes ici à quatre mille kilomètres… J'ai voulu écrire ces quelques mots en ton honneur, en hommage à la personne que tu as été et que tu resteras pour nous tous qui t'aimons. N'est-ce pas symbolique qu'aujourd'hui alors que je tente de rédiger ces quelques phrases qui te traduiraient et t'expliqueraient notre chagrin de t'avoir perdue je me rende compte que c'est le 7 mai, le jour où mémé nous a laissé. Vous étiez toutes les deux liées d'un amour profond, d'une rare intimité, en symbiose. Un immense bout d'elle était en toi et j'espère qu'en nous continueront à résonner ces fragments de vous, de tout ce que nous aimions pour le faire passer aux générations à venir. Depuis que j'ai appris la triste nouvelle, cinquante-huit ans d'images, de moments, de souvenirs, de tristesses, de fous rires, de conversations, tout s'amoncelle à mes yeux et ton portrait dans sa fraîcheur se dresse devant moi. C'est toi qui m'a appris qu'il y avait de la poussière et qu'il fallait la faire. Chiffon en main, je tentais en vain d'attraper cette poussière invisible sur la multitude d'objets et de figurines dont regorgeait le buffet de ton séjour. Mais attention les tâches ménagères se faisait à la cadence de la Fantaisie-impromptu de Chopin. Pour la poussière ce n'est pas gagné mais les sons, ces sons associés à toi, qui crépitaient de ton vieux tourne-disque, ont marqué mon âme à jamais. C'est toi qui m'as offert des 33 tours de musique classique. C'est toi qui m'a emmené une première fois au cinéma voir "le livre de la jungle", c'est toi qui a couru avec moi dans les rues piétonnes de Lyon pour m'acheter les plus belles bottes de cuir pour mon anniversaire. C'est toi qui préparait des super matefains et qui rivalisait avec mémé pour les "qu'nelles" lyonnaises. C'est toi qui savait dire le bon mot quand j'avais un chagrin et qui m'appelait pour savoir " "ma grande" comment tu vas? ". Accepter que tu ne sois plus là n'est pas chose facile… "C'est la vie" disent les uns, "on n'est pas éternels" disent les autres… C'est malheureusement vrai…mais ta personnalité joyeuse et gaie va nous manquer. Quand je t'ai décrit comme un pilier, je vois un pilier élégant et esthétique, d'un baroque majestueux, tout de dorures, d'opulence, de courbes et de couleur avec d'innombrables sculptures et statuettes d'anges dont tu raffolais et que tu collectionnais. Chère Tatan, Nous continuerons nos conversations car tu es en moi. Puissent les anges que tu chérissais battrent de leurs délicates ailes et t'accompagner dans cette nouvelle aventure qui s'ouvre à toi. Que ton souvenir soit béni. יהיה זכרך ברוך Virginia